INTERVIEW de Yves Nicolin – décembre 2021 – Pour Digiliance
Bonjour Mr. le Maire, je souhaite échanger avec vous sur la « digitalisation des bâtiments ».
Qu’est-ce que cela représente pour vous ?
Les collectivités, que ce soient les communes, les intercommunalités, les départements, les régions, nous sommes propriétaires de millions de mètres carrés. La digitalisation des bâtiments permet d’optimiser leur gestion et, par conséquent, de dépenser mieux et peut être même moins. Par exemple, en termes d’entretien ou de chauffage si une salle de réunion est utilisée plusieurs fois par jour, une fois par jour ou seulement quelques fois par semaine, nous pouvons utiliser le BIM pour adapter le nettoyage de cette pièce et réaliser des économies de fonctionnement. En fait, la digitalisation permet une excellente et parfaite traçabilité à la fois des matériaux et des usages de nos établissements et donc l’optimisation des couts de fonctionnement.
Vous avez justement confié à Digiliance, la filiale d’AC Environnement spécialisée dans la digitalisation des bâtiments, la « BIMisation » d’un de vos établissements, pourriez-vous nous en parler ?
La Ville de Roanne a engagé il y a quelques années une réflexion sur le plus gros bâtiment tertiaire de la ville, hors l’hôpital, à savoir notre Centre Administratif. Il se trouve que ce bâtiment qui abrite une grande partie du personnel administratif et technique de la Ville, a été construit dans les années 80. Ce bâtiment a aujourd’hui quarante ans et s’il a plutôt bien vieilli coté structure, c’est un bâtiment qui sur le plan de l’isolation n’est absolument pas aux normes. L’hiver, c’est une glacière et l’été, au contraire, c’est une fournaise !
Nous nous sommes posé la question de le démolir pour reconstruire un bâtiment neuf et répondant aux exigences thermiques actuelles ou alors de le rénover très fortement
« Mais pour pouvoir rénover un bâtiment, il faut bien le connaître. »
Avant de se lancer dans ces travaux considérables et surtout de chiffrer le coût que cela allait représenter, il était important de bien connaitre notre bâtiment : les volumes précis d’une part mais également les surfaces vitrées, les types de vitrage, le nombre de radiateurs, le nombre de portes et de poignées, les interrupteurs, les ampoules… En fait nous avions besoin d’un recensement complet avec un degré de précision important qu’il aurait été compliqué et long à faire à la main. Ce degré d’information est disponible pour les constructions neuves…
Mais pas pour les bâtiments anciens…
Effectivement ! C’est pour cela que nous avons fait appel à Digiliance. C’est une entreprise Roannaise que nous connaissons bien puisque nous avons d’ores et déjà un partenariat pour la réalisation des diagnostics notamment amiante. Et lors de nos appels d’offre, nous avons pu valider son sérieux, sa technicité et son professionnalisme.
Concernant la digitalisation, Digiliance a développé un process permettant, par numérisation, par un nuage de points, de BIMiser les bâtiments existants et donc ainsi de construire une maquette numérique des bâtiments anciens.
Cela permet ainsi d’avoir des calculs très précis. Et lorsque l’on doit par exemple, sur un lycée ou sur un collège changer toutes les huisseries, toutes les fenêtres plus besoin de faire passer un métreur, plus de marge inutile qui coute cher, on gagne du temps, de la précision et on optimise nos budgets… Car chiffrer 10.000 m2 de surface vitrée à remplacer, alors qu’en réalité ce ne sont que 9.548 m2, ce n’est pas sans incidence.
Donc, le fait d’avoir des informations précises sur tous ces sujets-là permet d’avoir une meilleure vision et de pouvoir optimiser les futures dépenses de modernisation des bâtiments.
Cette maquette BIM vous sera également utile pour la suite ?
Bien entendu, c’est un investissement au départ qui nous sera très utile pour la suite. Actuellement, le bâtiment est en rénovation. Et d’ores et déjà, cela nous a permis d’optimiser les devis et par conséquent, la facture que l’on va devoir payer par la suite.
Et puis, c’est un outil aussi qui sera très utile dans la gestion à venir du bâtiment parce qu’on dispose désormais de données extrêmement complètes. Nous allons pouvoir optimiser l’utilisation des salles, les espaces à chauffer jour par jour, leur entretien… et on va pouvoir également anticiper ce qui est toujours source d’économie !
Cet outil nous permet d’avoir une vision moderne sur les bâtiments anciens et par conséquent, d’optimiser toutes les dépenses d’entretien, de gestion et éventuellement de rénovation à venir.
Fort de cette expérience, envisagez-vous de digitaliser l’intégralité de vos bâtiments ?
Pour tous les bâtiments neufs, nous exigeons de nos architectes des maquettes BIM.
Et vous voyez, quand on a lancé la construction du projet universitaire, qui est un projet de construction de bâtiments de 7 millions d’euros, on a eu beaucoup de candidats. On a retenu trois équipes, puis sélectionné celle qui avait la meilleure approche BIM et la plus professionnelle. En revanche, on en a rejeté un candidat parce que sa maquette numérique est nulle et qu’il ne maîtrisait pas le sujet.
Ensuite, pour notre parc immobilier existant, la digitalisation se fera par ordre de priorité. Pour les bâtiments nécessitant une remise aux normes, on va avoir besoin de ces maquettes ; ensuite ceux pour lesquels on peut estimer qu’on aurait un gain en termes de gestion de bâtiments si on faisait cette maquette. Et pour cela nous allons avoir besoin de l’expertise de Digiliance.
De l’expertise de Digiliance ? Pourriez-vous préciser ce que vous entendez par là ?
Digiliance nous a non seulement proposé de digitaliser mais aussi de nous accompagner et de former nos équipes. C’est sûr que pour avoir une maquette BIM et avoir personne qui sait s’en servir, ce serait bien dommage ! On va petit à petit intégrer cette spécificité à nos recrutements, voire former des équipes à l’outil, des équipes agiles et adaptables.
Ensuite, j’envisage que les équipes de Digiliance nous aident à recenser de l’ensemble de nos bâtiments, dates de construction, états de vétusté… afin de nous conseiller et nous établir un calendrier de priorisation car nous ne pourrons les digitaliser tous en même temps.
Si on résumait le BIM en 3 mots….
L’optimisation des travaux car nous sommes là pour payer le juste prix et pas plus, surtout quand les marges peuvent être évitées.
La réduction des coûts de fonctionnement puisque les fluides, les frais d’entretien et de chauffage sont mieux maitrisés
L’optimisation des frais de fournitures car grâce aux maquettes, nous pouvons prévoir et éviter d’être en réactif !
Par exemple, dans un bâtiment public, l’éclairage n’est pas standard dans toutes les pièces. Aussi savoir quel type d’éclairage, quel type de culot, quel type de puissance et à quelles dates ont été achetées les ampoules, permet de prévoir leurs remplacements et éviter les pannes.
C’est la même chose avec les interrupteurs que l’on souhaite remplacer par des détecteurs de présence. Personne n’est en mesure de me dire combien on doit / devrait en commander. Si on réalise des maquettes BIM avec un bon niveau de détail de nos bâtiments publics, on pourra en un clic avoir accès non seulement au nombre mais également au cout que cela va représenter de procéder à ce changement.
A qui d’autres pensez-vous que la digitalisation soit utile ?
Indiscutablement les bailleurs sociaux !
Je préside OPHEOR, bailleur social roannais. Nous avons 5 000 logements sociaux. Les digitaliser serait très intéressant, même si ce sera peut-être un travail compliqué parce que ce sont de petites surfaces et qu’il faut donc multiplier le nombre de maquettes.
Mais on sait qu’au bout de 15 ans, nous devons moderniser les logements. Et si la majorité des dépenses sont anticipées et planifiées, les coûts n’en seront que mieux maitrisés.
Justement parlons des couts de la digitalisation. Qu’en pensez-vous ?
« Dans une entreprise, ce n’est pas le coût qui compte, c’est le profit. »
Quel que soit l’investissement effectué, si ça rapporte beaucoup plus, ce n’est pas gênant. Il faut dès le départ avoir conscience de l’intérêt que l’on a à investir là-dedans. Ce que l’on va en retirer et ici, les intérêts sont multiples ! J’ai la forte intuition que ces usages de maquettes vont être très profitables sur le plan financier, donc à l’avenir, sur la gestion de nos bâtiments.