Michaël Fauchet, BIM Manager chez Patriarche
Qu’est-ce qu’être BIM Manager ?
Dans les métiers de la construction, nous parlons beaucoup de maquette numérique, c’est-à-dire que nous construisons avant de construire. Les outils dont nous disposons nous permettent de concevoir le bâtiment en 3D et d’y associer l’ensemble des éléments constructifs (murs, fenêtres, portes, poteaux, dalles, poteaux, toitures, etc.)
Ces éléments, une fois mis en place, vont être renseignés des informations complémentaires à leur nature. Si nous prenons l’exemple d’une porte, il est nécessaire de savoir si cette dernière est coupe-feu, si elle a un degré acoustique, est équipée de contrôles d’accès, ou encore s’il s’agit de murs, de savoir de quels matériaux ils sont constitués, quel type de finition va être appliqué, et bien d’autres éléments qui nous permettent d’être au plus proche du rendu final.
Nous avons également des vues sur les locaux qui constituent le bâtiment (avec leurs volumes, leurs superficies, leurs noms, leurs futures utilisations et le taux d’occupation envisagé, …), ainsi que les finitions des murs, sols, et plafonds … Ces informations, une fois centralisées au cœur de la maquette numérique, seront ensuite utilisées à toutes les phases de la réalisation du projet (conception, chantier, réalisation, exploitation) et tout au long de sa durée de vie.
Enfin, afin de répondre au mieux aux nouvelles normes environnementales et gouvernementales, nous anticipons les quantités des matériaux à mettre en œuvre. Cela permet au maître d’ouvrage de mieux connaitre l’état de son patrimoine pour pouvoir anticiper les rénovations et les réhabilitations à prévoir, et ainsi maintenir ses bâtiments en état.
Et c’est pour accompagner la mise en œuvre de tout ce processus que le rôle du BIM Manager prend tout son sens. En effet, il démarre dès la phase de conception par la mise en place des processus d’échange et des outils adaptés aux différents métiers qui interviendront sur le projet. L’ensemble des équipes, des acteurs et des intervenants se rassembleront ensuite autour de la maquette numérique du bâtiment dans un objectif commun : répondre aux attentes et objectifs du maître d’ouvrage. Ici, le « travailler ensemble » est une notion qui a toute son importance car elle permet de mettre en place toute la collaboration nécessaire et primordiale au bon déroulement du projet et ça réalisation.
Est-ce que le BIM apporte finalement de l’humain dans les projets ?
C’est tout à fait ça !
Avant, chacun travaillait sur son plan, de son coté, et transmettait son travail de manière régulière. Un mode de fonctionnement qui rendait la détection des conflits tardives et les échanges plus complexes. Maintenant, nous sommes plus à même de les voir en amont, plus vite, parce qu’il y a une réelle volonté et surtout possibilité de rassembler le travail, c’est-à-dire rassembler les maquettes numériques des uns et des autres dans une maquette « centrale » et accessible à tous, à tout moment, et ce depuis n’importe quel appareil (ordinateur, tablette, mobile). Comme je l’évoquais, cette synthèse permet d’anticiper dès les phases amont de la conception les potentielles conflits, interactions et problématiques des différents corps de métiers (archi/structure/fluide), mais ces maquettes compilées permettent également de mieux communiquer et d’offrir au maître d’ouvrage la possibilité de parcourir son projet, de l’appréhender, et de le comprendre plus facilement. C’est une opportunité pour lui de mieux interpréter ce qui est mis en place et ce qui est proposé par tous les intervenants.
Quelle est votre définition du BIM ?
De manière assez basique, le BIM est la traduction de « Building Information Modeling », c’est-à-dire l’information qui est associée à la modélisation du bâtiment.
Pour moi, c’est un tout. On dit d’un projet qu’il est BIM parce qu’on y a mis aussi le travail collaboratif attendu. Effectivement, le BIM n’a de sens que s’il est utilisé par tout le monde, tous les acteurs et en fonction de chaque phase.
Qu’est-ce que le BIM vous apporte ?
Chez Patriarche, c’est indispensable ! Dans une agence pluridisciplinaire comme la nôtre, on ne peut pas concevoir dans son coin. Le « collaboratif » est au cœur de nos méthodes de travail et de conception, mais aussi dans notre manière d’appréhender chacun de nos projets.
Le but de chacun de nos projets est une réalisation qui saura répondre au maître d’ouvrage mais aussi, et surtout, aux futurs utilisateurs qui vont l’utiliser, y travailler ou y vivre au quotidien
Chaque corps d’état a donc un rôle à jouer pour atteindre un résultat optimal, de la conception à l’exploitation du lieu que nous allons concevoir. Ainsi, de l’architecte à l’ingénieur, des économistes aux architectes intérieurs, tout le monde participe et s’investit dans la modélisation de sa maquette afin qu’une fois réunies ensemble, le rendu final soit optimal.
C’est aussi et sans conteste un gain temps et de qualité. Plus on va anticiper les choix, les décisions, les mises en place des éléments constructifs, plus l’impact sera positif.
Comment réagissent vos clients lorsque vous leur proposez le BIM ?
Ils en ont tous entendu parler. Certains sont beaucoup plus avancés que d’autres sur le sujet, mais ils y portent globalement tous un grand intérêt. Il arrive que des clients ne connaissent que très peu le processus BIM, mais à partir du moment où nous leur présentons, ils se rendent très vite compte des bénéfices qu’ils peuvent en tirer.
Comment voyez-vous évoluer le BIM ?
Les évolutions possibles pour le BIM se mettent en place dès aujourd’hui, tout doucement. C’est l’ère du jumeau numérique où la dématérialisation des documents administratifs ouvre un nouveau champ des possibles, comme récemment la possibilité de déposer un permis de construire en ligne.
On tend très prochainement à ne même plus parler de BIM car nous en ferons de manière naturelle et courante. Pour moi, c’est ça l’avenir !
Des modes de centralisation où les éléments seront sur le Cloud, parcourir le bâtiment et exploiter ses informations sur n’importe quel support, et participer de plus en plus par ces interconnexions à l’évolution et la vie du projet, de sa conception à son utilisation.
Et qu’on ne s’y trompe pas, cela demandera encore plus d’Humain pour continuer de valoriser et de mettre en œuvre cette collaboration essentielle à tous les projets.
Merci !
À propos de Patriarche :
Patriarche – Augmented Architecture, est un groupe d’architecture pluridisciplinaire tourné vers l’innovation. Persuadé que l’architecte seul ne peut pas répondre à l’ensemble des problématiques liées à un projet de construction, le groupe promeut une forme d’architecture augmentée qui vise à utiliser tout le potentiel de connaissances et d’intelligence collective présent autour de lui.
En associant des compétences et des disciplines connexes à l’architecture, Patriarche propose un modèle unique de conception intégrant toutes les ressources nécessaires à la construction, l’exploitation et l’animation des projets conçus. Avec près de 450 collaborateurs, réunis au sein de 10 agences et de plusieurs filiales dans le monde – en France, en Suisse, au Canada et au Royaume-Uni –, le groupe propose une expertise complète pour agir efficacement à chaque étape du projet et offrir à ses clients une expérience centrée sur leurs usages et sur leurs besoins.
450 collaborateurs – 10 agences – FRANCE I SUISSE I CANADA I ROYAUME-UNI.
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